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Hommage à Gabriel Péri, le 15 décembre 2015, allocution d'Estelle Auboin

Chers amis, chers camarades,
 
 
Nous nous retrouvons aujourd’hui pour rendre hommage à Gabriel Péri, grand journaliste, dirigeant communiste, député de la circonscription couvrant entre autre Argenteuil et Bezons.
 
Je tiens tout d’abord à excuser Jean-Michel Ruiz qui est en réunion pour le Conseil Régional.
Je remercie pour sa présence Dominique Lesparre, maire de Bezons Je tiens aussi à remercier pour leur présence Sylvère Magnon membre du directoire de l’Humanité, Michel Maso directeur de la fondation Gabriel Péri, Valérie Goncalves pour le conseil national du PCF, Viviane Colombier pour le comité local de Châteaubriant et Roger Ouvrard maire honoraire d’Argenteuil. 
 
Gabriel Péri est né en 1902 à Toulon, dans une famille Corse. Contrairement à ce qu’il affirmera par la suite, il n’obtiendra pas son Baccalauréat pour des raisons de santé. Ce qui ne l’empêchera pas d’être reconnu comme un intellectuel. 
 
Son engagement en politique est très précoce. Il adhère aux jeunesses socialistes en 1917, alors qu’il a seulement 15 ans. Trois ans plus tard, il adhère à la IIIème internationale communiste et devient le secrétaire régional des jeunesses communistes. C’est moins d’un an plus tard, lors du premier congrès national de la section française de l’internationale communiste que Gabriel Péri, au nom des jeunesses communistes, est remarqué par la direction du jeune PCF. Il est alors littéralement aspiré par la direction du PCF, qui le charge, à vingt ans, de la fédération nationale des jeunesses communistes, et le nomme responsable de son journal, l’Avant-garde. Il collabore également à la revue Clarté, fondée par Henri Barbusse et Paul Vaillant -Couturier. Après deux années entre Marseille et Nîmes, il s’installe à Paris en août 1924 et devient en octobre de la même année, chef du service politique étrangère du journal l’Humanité. Parlant de Marcel Cachin et de Paul Vaillant Couturier, il dira « c’est d’eux que j’ai appris à concevoir mon métier de journaliste comme un enseignement ».
 
 
Député d’Argenteuil en 1932 et réélu en 1936, Gabriel Péri s’imposa très vite comme un parlementaire parmi les plus compétents dans le domaine des relations internationales et diplomatiques.
 
Au sein du Parti communiste et à la rédaction de l’Humanité, ses rapports avec beaucoup d’autres dirigeants communistes furent souvent orageux. 
 
En effet, élu une première fois en 1924 au Comité central, il est évincé lors du congrès de 1929 qui consacrait la tactique « classe contre classe ». Il réintégrera le Comité central en 1932. Intellectuel, il précisera d’ailleurs concernant son adhésion « elle est d’origine intellectuelle, cérébrale peut-être, mais somme toute l’expérience a démontré que les adhésions de ce genre ne sont pas de qualité inférieure et de fidélité moins sûre ».
 
Péri jouissait d’un prestige considérable au sein du Parti, parmi les militantes et militants, aussi bien qu’à l’extérieur, en raison de ses brûlantes convictions antifascistes. Il fut l’accusateur de l’Italie Mussolinienne lors de l’agression contre l’Ethiopie et prit la défense de la république espagnole en dénonçant avec force la politique de non intervention. 
 
Gabriel Péri accueillit ensuite avec tiédeur le pacte germano-soviétique, ce qui entraîna de nouvelles tensions avec certains dirigeants du Parti.
Ainsi, durant le début de la seconde guerre mondiale, il est l’un des cadres de l’équipe chargée de la rédaction de l’Humanité clandestine. Gabriel Péri est d’ailleurs l’un des rares dirigeants du PCF clandestin à demeurer dans la capitale au moment même où la Wehrmacht défile sous l’Arc de Triomphe. Lorsque Maurice Tréand, le responsable de la commission des cadres du parti, est de retour avec Jacques Duclos le 15 juin 1940, Gabriel Péri s’oppose avec virulence aux tentatives des deux hommes de négocier avec l’occupant allemand la parution légale de l’Humanité. Il n’a, semble-t-il, pas perdu son attachement à la ligne antifasciste des années de Front Populaire.
 
Replié dans un appartement du 19ème arrondissement, il poursuit la publication d’articles dans l’Humanité clandestine. C’est là qu’il entreprend l’écriture d’un fascicule intitulé Non, le nazisme, ce n’est pas le socialisme!. Prêt, début mars 1941, ce texte sera publié en mars 1942, soit trois mois après la mort de Gabriel Péri. 
 
En revanche, il se réjouira, fin avril 1941, lorsque la politique d’union contre le nazisme qu’il appelait de ses vœux, commença à prendre forme. Mais il est arrêté sur dénonciation le 18 mai de la même année et fusillé le 15 décembre au Mont Valérien en compagnie de 91 autres otages. 
 
Le numéro 144 de l’Humanité clandestine daté du 5 janvier 1942, annonce en première page: « Gabriel Péri, Sampaix et des dizaines d’autres patriotes ont été fusillés. La France entière doit clamer son indignation et sa colère face aux oppresseurs nazis et à leurs complices de Vichy »
Dès lors, pas un numéro ne parait sans que soient rappelées ces exécutions. Le numéro 147 du 23 janvier 1942 publie des extraits de la dernière lettre de Gabriel Péri, en même temps qu’est lancée une campagne d’adhésion intitulée « promotion Péri-Sampaix ». De même, de nombreux tracts voient le jour. La mort de Gabriel Péri, plus de soixante-dix ans après, suscite encore des passions. Laisser la parole à celui qui a reçu tant d’hommages posthumes est sans doute un moyen de faire comprendre, par sa rectitude, l’ampleur de l’homme: «  que mes amis sachent que je suis resté fidèle à l’idéal de ma vie, que mes compatriotes sachent que je vais mourir pour que vive la France. Je fais une dernière fois mon examen de conscience. J’irais dans la même voie si j’avais à recommencer ma vie. Je crois toujours en cette nuit que mon cher Paul Vaillant-Couturier avait raison de dire que le communisme est la jeunesse du monde et qu’il prépare des lendemains qui chantent. Je vais préparer tout-à-l’heure des lendemains qui chantent. »
 
Transcendé par les poésies d’Aragon et Eluard, il devient à la libération un mythe de la résistance à l’occupant, un héros dont le nom est donné à des centaines de rues et de places à travers la France. 
 
Gabriel Péri a été, vous le savez, député du secteur donc d’Argenteuil. Il a toujours prôné le rassemblement des forces de gauche, appelant à la discipline républicaine en 1936 en insistant sur son tract : « il faut élire les candidats du Front populaire. Il le faut pour que soit appliqué demain le programme du Front populaire ».  Cet engagement est aussi en lien avec sa volonté de battre partout les représentants de la droite, souvent favorable à la politique menée par Hitler en Allemagne.
 
Elu de terrain, il tenait, des permanences dans des cafés et réagissait fortement à des injustices qui frappaient des habitants de sa circonscription.
 
Pour prendre un exemple, il intervenait en février 1935 à l’Assemblée Nationale, pour défendre une institutrice de Houilles, Gisèle Bernadou, frappée de censure car elle avait dicté à ses élèves des passages de Hugo et de Bossuet !
Il interpellait ses collègues : «  La chambre devra dire si elle couvre les agissements du ministre, si elle se rend complice du sabotage de l’école laïque ». Comme on le voit,  la défense de l’école est un sujet toujours d’actualité que les communistes prennent à cœur.
Gabriel Péri savait lier son engagement local et ses convictions politiques. Ainsi, lors d’une remise des prix aux élèves de l’école des métiers d’Argenteuil en novembre 1935, en présence du maire de la Ville Victor Dupouy, il affirmait : « La vérité, c’est que l’économie a été révolutionnée par la technique, mais qu’elle est prisonnière des formes politiques et sociales retardataires ». 
A cette occasion, il précisait sa façon de penser la politique : « A ceux qui me reprochent de m’être exprimé avec trop de franchise, je répondrai, parlant devant cette jeunesse qui est l’avenir,  j’aurais rougi de dissimuler ma pensée d’avenir ».
 
Ces quelques mots sur Gabriel Péri sont bien sûr peu de chose par rapport à ce que fût son parcours et sa vie. 
Gabriel Péri, dont l’esprit d’ouverture, le courage, l’engagement dans le combat contre le capitalisme, pour l’émancipation humaine, restent d’actualité pour tous les militants communistes. S’appuyant sur son expérience de journaliste, il écrivait en effet : « J’ai trouvé passionnante une existence dans laquelle il est interdit, plus peut-être que dans aucune autre, de vivre sur l’acquis, où il fallait mordre en permanence dans le granit de la science, apprendre encore et encore. »
 
 
Pour conclure, si Gabriel Péri a vu les résultats du premier tour des élections régionales, il a du se retourner dans sa tombe, lui qui a tant combattu l’idéologie fasciste.

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