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Gabriel Péri : hommage le 15 décembre à Argenteuil

Quelques photos de l'hommage du PCF95 à Gabriel Péri ce matin à Argenteuil pour 72ème anniversaire de son assassinat par les nazis. Marjorie Noël, de l'exécutif fédéral, a assuré la présentation, l'allocution a été prononcée par Pierre Barros, Président de l'ADECR et Maire de Fosses, et des gerbes ont été déposées par Dominique Lesparre, Maire et Conseiller général de Bezons, Véronique Sandoval (exécutif national) et Jean-Michel Ruiz (Secrétaire départemental) pour le PCF, Silvère Magnon pour l'Humanité, Cécile Sellier pour la section du PCF, Viviane Colombier pour l'Amicale de Châteaubriant. Ponctué par le Chant des partisans et la Marseillaise, cet hommage a aussi été dédié à Mandela, un autre grand artisan de l'émancipation humaine.
 
 
 
 
 
 
 

Intervention de Pierre BARROS

 
Chers amis, chers camarades,

 

Nous nous retrouvons aujourd’hui pour rendre hommage à Gabriel Péri, grand journaliste, dirigeant communiste, député de la circonscription couvrant entre autre Argenteuil et Bezons.

Je remercie pour leur présence Dominique Lesparre, maire de Bezons et Conseiller général, Véronique Sandoval, membre de l’exécutif national du PCF, Silvère Magnon, membre du directoire de l’Humanité, Jean-Michel Ruiz, Secrétaire départemental du PCF, Christiane Leser, Présidente de l’Amicale des vétérans.

Quand Jean Michel Ruiz m’a proposé il y a quelques semaines d’intervenir pour cet hommage à Gabriel PERI, je me suis d’abord demandé s’il ne s’était pas trompé de personne.

En effet, je ne suis pas membre du PC, je n’ai pas ce parcours de militant que beaucoup ici avez, je suis certes un élu local farouchement républicain qui n’a de cesse que de créer du commun et du sens dans son action politique, mais quand même, on peut se poser la question de ma légitimité à intervenir ce matin devant vous. En tout cas, moi, je me la suis posée.

 

Mais c’est en travaillant sur cette intervention que je me suis aperçu que l’héritage de G. PERI revêtait une dimension fondamentale, humaniste et intellectuelle qui dépasse généreusement le cadre du simple Parti Communiste.

Comme beaucoup de nos concitoyens je connais évidemment bien G. PERI : je le traverse tous les matins.

J’habite une rue Guy MOQUET et derrière chez moi on trouve les rues PV COUTURIER, Henri BARBUSSE et G. PERI, ça ne s’invente pas !

Et oui, le quartier dans lequel je vie est un lotissement des années 30 qui après guerre a perdu ses rues aux noms de fleurs pour des noms d’hommes et de femmes qui se sont battus pour libérer la France de l’occupation nazie.

Il est heureux que les banlieues rouges, mais pas seulement, aient su honorer celles et ceux qui n’ont rien lâché et surtout pas leurs convictions justes et généreuses, jusqu’au dernier souffle de leur existence.

Gabriel Péri est né en 1902 à Toulon, dans une famille aux origines Corse. Il s’engage très tôt en politique. En 1917, il adhère aux jeunesses socialistes et en 1920, alors qu’il n’a que 18 ans, sa situation familiale l’oblige à abandonner ses études après le baccalauréat, lui qui préparait son entrée à l’Ecole Normale Supérieure.

La même année, il se range à l’extrême gauche du PS et lutte parmi ceux qui milite au sein du parti pour l’adhésion à la 3ème internationale, ce qui sera fait en fin d’année 1920 : le PC est né.

Dès lors, outre son activité professionnelle dans une entreprise de navigation et de construction maritime, il se consacre entièrement à l’activité politique. Il collabore à diverses publications en particulier à la revue « Clarté », fondée par Henri Barbusse et Paul Vaillant-Couturier.

Ses prises de position et son action militante contre la politique de sanction du gouvernement français envers l’Allemagne l’envoient directement en prison.

Dès cette époque, il dénonce l’écrasement des forces progressistes en Allemagne et le développement d’un esprit chauviniste exaspéré poussant dangereusement vers une revanche prochaine.

Je le cite : « Un peuple qui en opprime un autre n’est ni un peuple libre, ni un peuple heureux »

En 1924, le jeune homme de 22 ans devient ainsi le chef du service politique étrangère du journal l’Humanité, fonction qu’il exercera jusqu’au 25 août 1939. Parlant de Marcel Cachin et de Paul Vaillant Couturier, il dira « c’est d’eux que j’ai appris à concevoir mon métier de journaliste comme un enseignement, connaître et faire connaître».

Il est de nouveau incarcéré en 1929, en compagnie de P.V. COUTURIER, pour ses écrits publiés notamment dans la « Correspondance Internationale »

Après avoir été candidat dans le Var en 1928 et à Marseille en 1929, il devient député d’Argenteuil en 1932 et réélu en 1936.

Gabriel Péri s’impose très vite comme un infatigable parlementaire parmi les plus compétents dans le domaine des relations internationales et diplomatiques, mais aussi de l’enseignement.

Homme de conviction plutôt que de ligne, ses rapports furent souvent orageux au sein du Parti communiste et à la rédaction de l’Humanité et avec beaucoup des autres dirigeants communistes.

En effet, élu une première fois en 1924 au Comité central, il est évincé lors du congrès de 1929 qui consacrait la tactique « classe contre classe ». Il réintégrera le Comité central en 1932.

Il revendique sa posture d’intellectuel. Il précisera d’ailleurs, concernant son adhésion : « elle est d’origine intellectuelle, cérébrale peut-être, mais somme toute l’expérience a démontré que les adhésions de ce genre ne sont pas de qualité inférieure et de fidélité moins sûre ».

G. PERI jouissait d’un prestige considérable au sein du Parti, parmi les militantes et militants, aussi bien qu’à l’extérieur, en raison de ses brûlantes convictions antifascistes. Il fut l’accusateur de l’Italie Mussolinienne lors de l’agression contre l’Ethiopie et prit la défense de la république espagnole en dénonçant avec force la politique de non intervention.

La force de ses interventions ne laissent, encore aujourd’hui, pas indifférent : « Qu’il ne soit pas dit, dans un monde où la Paix et la liberté sont des biens indivisibles, la France a préféré faire fléchir le droit plutôt que d’apporter, dans l’intérêt même de sa propre sécurité, sa collaboration à la sauvegarde d’un peuple ami, à la défense d’une démocratie courageuse, au salut de la grande paix humaine».

Gabriel Péri accueillit ensuite avec tiédeur le pacte germano-soviétique, ce qui entraîna de nouvelles tensions avec certains dirigeants du Parti.

En revanche, il se réjouira, fin avril 1941, lorsque la politique d’union contre le nazisme qu’il appelait de ses vœux, commença à prendre forme. Mais il est arrêté sur dénonciation le 18 mai de la même année et fusillé le 15 décembre au Mont Valérien. Il n’avait pas 40 ans.

Transcendé par les poésies d’Aragon et Eluard, il devient à la libération un mythe de la résistance à l’occupant, un héros dont le nom est donné à des centaines de rues et de places à travers la France.

Gabriel Péri a été, vous le savez, député du secteur donc d’Argenteuil. Il a toujours prôné le rassemblement des forces de gauche, appelant à la discipline républicaine en 1936 en insistant sur son tract : « il faut élire les candidats du Front populaire. Il le faut pour que soit appliqué demain le programme du Front populaire ».

Cet engagement est évidemment en lien avec sa volonté de battre partout les représentants de la droite, souvent favorable à la politique menée par Hitler en Allemagne.

Elu de terrain, il tenait des permanences dans des cafés et réagissait fortement à des injustices qui frappaient des habitants de sa circonscription.

Il interpellait ses collègues : «  La chambre devra dire si elle couvre les agissements du ministre, si elle se rend complice du sabotage de l’école laïque ». Comme on le voit, la défense de l’école, un sujet toujours d’actualité et que les communistes prennent à cœur.

Gabriel Péri savait lier son engagement local et ses convictions politiques. Ainsi, lors d’une remise des prix aux élèves de l’école des métiers d’Argenteuil en novembre 1935, en présence du maire de la Ville Victor Dupouy, il affirmait : « La vérité, c’est que l’économie a été révolutionnée par la technique, mais qu’elle est prisonnière des formes politiques et sociales retardataires ».

A cette occasion, il précisait sa façon de penser la politique : « A ceux qui me reprochent de m’être exprimé avec trop de franchise, je répondrai, parlant devant cette jeunesse qui est l’avenir,  j’aurais rougi de dissimuler ma pensée d’avenir ».

Ces quelques mots sur Gabriel Péri sont bien sûr peu de chose par rapport à ce que fût son parcours et son héritage.

Son esprit d’ouverture, son courage, son engagement dans le combat contre le capitalisme, pour l’émancipation humaine, restent d’actualité pour tous les militants communistes et républicains.

Je termine cette intervention par ce texte de G. PERI qui conclu sa magnifique autobiographie :

« Les années ne m’ont pas rendu sceptique et ne m’ont pas fait récuser mes opinions anciennes. Sans doute parce que plutôt que d’adhérer à des formules, je me suis inspiré de l’esprit qui les animait. Cela  m’a gardé contre le danger de ne vivre qu’une demi – existence, je veux dire une existence sans but et sans contenu, une existence vide. Je n’ai rien renié des opinions auxquelles j’ai cru dans ma jeunesse et que j’ai aimées. C’est un sentiment qui suffit à embellir une vie humaine, à la rendre sinon heureuse, du moins digne. »

Alors chers amis, soyons dignes en êtres vivants car pensant et se questionnant sans cesse, soyons de ceux qui, comme G. PERI, s’appuient sur la recherche du sens en politique plutôt que ceux qui suivent aveuglément une ligne déjà tracée.

Merci.

 

Gabriel Péri : hommage le 15 décembre à Argenteuil

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le 02 December 2013

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