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Presstalis : Lettre ouverte au Président de la République

Monsieur le Président

 

Les salariés de la messagerie de presse, Presstalis,  sont menacés d'un plan social des plus drastiques qu’ai connu cette entreprise (Ex NMPP)  depuis sa création en 1947.

Ce sont 1250 emplois sur les 2500 restants dans ce secteur de la distribution de la presse qui sont en jeu. Mais, au delà de l'emploi, c'est aussi la liberté de la presse, la liberté de diffuser l’information et des idées qui est menacée.

Nos patrons de « presse » invoquent les coûts d’une masse salariale qui serait trop importante. Rappelons que les salariés de la distribution ont vu leurs effectifs fondre de 80% ces vingt dernières années sans pour autant améliorer la situation de la presse et celle des diffuseurs toujours moins nombreux et toujours moins rémunérés que leurs homologues européens.

Selon ces mêmes patrons, la presse irait beaucoup mieux en se débarrassant des salariés de la distribution. Face au recul de 5% des ventes de la presse en général, ils appliquent une règle tout à fait libérale : Multiplier par dix les efforts que doivent consentir à faire les salariés de Presstalis, soit 50 % de savoir faire !

La direction de Presstalis a reçu de l'État 35 millions d'€ en 2012 et doit en recevoir 60  pour 2013. A croire que ces aides, c’est à dire l’argent des contribuables, incitent la direction à vouloir plus que jamais licencier.

Pour être plus précis, les aides des pouvoirs publics octroyées à la presse s’élèvent à plus d’un milliard d’euros. Ainsi, des imprimeurs, pour le moins concentré sur leur sujet, ont construit leurs entreprises avec les deniers de l’Etat. Le cadeau d’un taux de TVA à 2,1% pour tous les titres de presse c’est également un manque à gagner qui permettrait de subventionner en toute transparence le système de distribution accessible et profitable à tous.

Dans ces conditions, il est légitime que les salariés de Presstalis refusent d’être une variable d’ajustement pour ces patrons qui manquent décidément d’imagination.

Depuis plusieurs mois, ils se battent pour refuser l’équation libérale selon laquelle ce sont les salariés qui doivent toujours payer les égarements des patrons de presse.

Depuis plusieurs mois ils demandent à ce que l’Etat joue son rôle de régulateur, notamment en organisant une table ronde entre tous les acteurs de la profession pour définir ce que doit être la distribution de la presse pour affronter les grands défis qui se présente à ce média en perte de vitesse.

Sur cette question, la sénatrice et ancienne ministre, Marie-Georges Buffet s’est vue opposer une fin de non recevoir par le premier ministre, celui-ci lui indiquant que le plan de Presstalis irait à son terme.

Cette attitude de la part de ceux qui prônaient encore il y a peu de temps : « le changement, c’est maintenant » nous renvoie à une situation antérieure où les patrons avaient carte blanche pour mettre fin à l’héritage du Conseil National de Résistance (CNR).

Les Échos, un bien parmi d’autres appartenant à Bernard Arnault, première fortune française estimée à 41 milliards de dollars de patrimoine et Le Figaro, propriété de Serge Dassault, 5 ème fortune de France, estimée à 9,3 milliards d'€, n’en finissent pas de manœuvrer pour marginaliser le système coopératif de distribution de la presse.

Ces rebelles, militants de la cause de l'optimisation fiscale,  bénéficient toujours des aides publiques de la presse, malgré leur volonté de s’écarter du système coopératif. Il s’agit bien d’un abus de biens collectifs en la matière !

Prêts à tout pour  s’exempter de leurs devoirs de citoyen, notamment celui payer leurs impôts auxquels ils sont assujettis, ils dictent leurs règles à l’Etat pour déterminer ce que sera la distribution de la presse demain où des centaines de titres et de points de vente périront.

Ce n’est pas un hasard, si les groupes de presse les plus offensifs sont liés directement à la finance, que vous aviez qualifié de véritable adversaire, il y a tout juste un an !

L'essor de la presse en France est intimement lié aux grands mouvements progressistes et aux combats contre l’obscurantisme. La France du Siècle des Lumières et de la révolution de 1789 dont nous sommes les héritiers a été le lieu, en dépit de censures, de la conquête de la démocratie, notamment par la voie du papier imprimé.

Plus tard, Hebert, Varlin , Zola, Hugo, Jaurès, Camus, entre autres illustres noms , ont de leur plume défendu les valeurs humaines contre les forces réactionnaires et celles de l’argent puissant.

C’est également dans notre pays, qu’est né après guerre un système coopératif de distribution de la presse unique au monde. En effet, le 2 avril 1947, la loi Bichet instituait une distribution fondée sur trois principes fondamentaux : LIBERTE, EGALITE, IMPARTIALITE.

A ces principes, il est important d’y joindre celui de SOLIDARITE pour saisir la mission des Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne, devenues depuis fin 2009 PRESSTALIS. Selon Montesquieu, « La liberté de la presse vaut toutes les libertés ». La loi Bichet a établi que cette liberté n’existerait pas sans liberté de diffuser. Ainsi, le système coopératif donnait la possibilité à chaque publication, quotidien et périodique, quel que soit son tirage, d’être présent dans les points de vente sur tout le territoire sur la base de l’égalité. Petits titres et gros titres étaient, dans cette logique coopérative, groupés ensemble et acheminés en temps et en heure vers les points de diffusion. Ce système de distribution, autant dire cette exception culturelle, a été dénaturé ces dernières années et est en passe de disparaître totalement aujourd’hui avec une énième réforme qui prévoit le démantèlement du réseau et le licenciement de 1250 salariés.

Le précédent quinquennat a amplifié le phénomène de la concurrence au sein de la distribution de la presse, organisant ainsi la faillite de la messagerie historique née le 16 avril 1947. Nicolas Sarkozy déclarait le 2 octobre 2008 dans son discours d’ouverture des Etats généraux de la presse : « Je m’interroge sur la portée de l’article 1er de la loi Bichet, selon lequel «  la diffusion de la presse imprimée est libre », quand cette loi n’offre en réalité aucune flexibilité ». Le  la  était désormais donné pour détricoter le système coopératif de distribution, en témoigne la modification de la loi Bichet le 5 juillet 2011 et la soi disant réorganisation du réseau de distribution dès cette année qui mettra des centaines de salariés à la rue et condamnera des centaines de titres à disparaître.

Aussi, la lutte acharnée que mènent les salariés de la distribution exige toute l’attention  des responsables politiques de notre pays. Dans ce conflit que certains voudraient limiter à une question sociale, il y a un véritable enjeu politique où l’exercice de la démocratie pourrait bien se voir priver d’un de ses précieux outils.

Vous avez, Monsieur le Président, la lourde responsabilité de défendre les valeurs républicaines dans notre pays , vous devez intervenir devant la mise à mort du système coopératif de distribution de la presse. Ce joyau de la Résistance, comme le nomme si bien le sénateur David  Assouline, mérite un peu plus d’égards qu’il en a actuellement.

Monsieur le Président, les salariés de la distribution de la presse vous demandent d’agir avec eux afin que cette exception culturelle concourant fortement à la vie démocratique de notre pays ne soit pas sacrifiée sur l’autel de l’indifférence.

 

LES TRAVAILLEURS DE LA DISTRIBUTION DE LA PRESSE

 

 

 

 

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Presstalis : Lettre ouverte au Président de la République

le 14 janvier 2013

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